Le titre résume le tout… C’est exactement ce que je me suis dit pendant 9 mois, voire même plus, depuis 3 ans en fait. Je ne voyais pas les choses autrement. J’ai allaité mon Ptitchat pendant 11 mois, il ne pouvait qu’en être de même avec Babychat. Sur le papier, rien de bien compliqué : je sais faire, je n’ai pas oublié, et puis les bébés savent prendre le sein d’instinct, c’est inné chez eux, en plus, c’est le meilleur pour elle et c’est pratique, écolo et économique, le combo parfait! Et pour moi, dans mon esprit étriqué, je ne peux être maman qu’en allaitant, c’est MON job, celui qui dit que c’est MOI la maman et qu’on ne pourra jamais me prendre cette place, ni le papa, ni les grand-parents, ni personne d’autre (enfin en théorie si hein mais bon…).

Enfin, ça, c’est la théorie! Parce que cette fois-ci, la pratique a été toute autre!

Comme je l’ai raconté , ici et , ma puce est arrivée le 28 avril mais avec mes mésaventures, je n’ai pas pu lui donner le sein tout de suite, devant attendre que les médicaments qu’ils m’avaient injecté se « diluent ». Peut-être que le problème a commencé là?

En pratique, j’ai pu mettre ma Babychat au sein le jeudi vers 10h du matin, malgré mon état de zombie et là, tout à commencé, ou plutôt rien n’a commencé. Elle ne le prenait pas, se raidissait, se jetait en arrière, ne fermait pas la bouche sur mon sein, hurlait à m’en fendre le coeur. Les sage-femme et auxiliaires puer présentes à chaque garde nous venaient en aide mais rien n’y faisait, elle ne prenait pas.

Bébé au gros gabarit (3,730kg pour 51,5cm), elle avait clairement faim! C’est pas la fille de sa mère pour rien!! Si faim que déjà en salle d’accouchement, elle avait eu droit à un peu de lait à la seringue tant elle hurlait (entre la faim et la clavicule cassée, ça faisait déjà pas mal pour une poupinette de quelques demies-heures!). Du coup, ne voulant pas la laisser comme ça, on a été « obligé » de lui donner du lait, toujours à la seringue. Le procédé n’est pas compliqué mais qu’est-ce que c’est chiant! Lui faire téter le petit doigt et glisser une seringue (sans aiguille off course!) dans la commissure de la lèvre pour qu’elle tête ce lait. MAIS! Oui, car il y a déjà un MAIS! Mademoiselle n’avait pas de réflexe de succion, ce qui est fou pour un bébé né 3 jours avant le terme… Donc elle ne savait même pas téter le petit doigt à son premier jour de vie. Incroyable! Je ne pouvais pas le croire. Il parait que c’est rare mais que ça arrive parfois…

Chat échaudé craint l’eau froide et en maman déjà échaudée avec le frein de langue de Ptitchat, j’ai harcelé le personnel pour qu’ils vérifient si ce n’était pas ça et les 25 personnes à qui j’ai demandé (j’avoue j’ai commencé à demander quand elle était sur mon ventre, son cordon encore relié à moi…) (traumatisée j’vous dis!). Puis la pédiatre est passée pour le check-up du 1er jour et m’a dit qu’il n’y avait pas de frein de langue. Petite déception je dois dire car ceci aurait pu expliquer cela…

Le lendemain, qu’à cela ne tienne, je dégaine mes bouts de sein en silicone qui étaient dans ma valise, comme je l’avais fait pour Ptitchat et qui lui avait permis de prendre le sein convenablement. On s’en était servi pendant des mois! Mais en moins de 24h, l’horreur! Je fais une allergie au silicone. Oui, ça existe! C’est rare parait-il (encore!) mais j’ai la chance d’être allergique même au silicone médical!!! Donc en quelques heures, ou pourtant ma puce arrivait à prendre un peu au sein du coup, j’ai eu la poitrine qui s’est mis à me démanger et à changer d’aspect, passant au rouge vif, puis à saigner sur tout le mamelon. On ne parle pas de crevasses mais « juste » d’une allergie de contact. Alors bien sûr, j’ai dû montrer mes nichons à tous les soignants qui chacun m’a dit que c’était du jamais vu. J »ai donc très vite jeté les embouts à la poubelle, retournant ainsi à la case départ. On m’a donné de la cortisone pour calmer « la flambée » comme ils m’ont dit puis des cachets d’Atarax à prendre à distance des tétées (sauf qu’il y en avait pas et j’en ai pris un, c’est tout!). On a aussi refusé de me donner un tire-lait.
A chaque mise au sein, c’était le même topo : Babychat se jetait en arrière, hurlait, ne fermait pas la bouche sur mon sein et donc ne tétait pas. J’étais désemparée, les sage-femmes s’acharnaient sur elle, sur nous, lui maintenant la tête sur ma poitrine, me labourant le sein mais rien n’y faisait. J’avais chaud, elle avait chaud et je finissais par pleurer et lui donner du lait HA à la seringue et au petit doigt. Heureusement, à force de lui donner mon petit doigt, elle a réussi à commencer à le téter, j’ai donc, malgré les avertissements, décidé de lui donner une sucette (de toutes façons, foutue pour foutue…). J’en avais mis une dans ma valise, et elle a fini par la prendre au bout de plusieurs heures. La succion était donc en cours d’acquisition! J’ai donc pris le risque de lui donner une sucette, vous savez ce qu’il ne faut SURTOUT pas faire si on veut allaiter?! Oui, enfin, Ptitchat en avait eu une aussi dès la maternité et ça ne l’a pas empêché de téter…

Le lendemain, l’équipe du week-end est venue faire connaissance et j’ai dû ré-expliquer maintes fois la situation. Là, une sage-femme absolument adorable (merci Blandine!) m’a proposé un tire-lait alors que la veille sa (vieille) collègue me le refusait. Elle a même eu la gentillesse de trouver celui que je voulais dont les téterelles n’étaient pas en silicone. Elle m’a aidé, m’a accompagné tout le week-end, me rassurant, m’aidant à positiver et pourtant, c’était les grandes eaux de mon côté, à J+2, je ne faisais que pleurer, devant la chute des hormones et la situation qui me frustrait au plus haut point. J’en étais venue à angoisser que la puce se réveille pour manger, moi qui rêvais d’un allaitement tout en douceur, il n’était finalement que souffrance, violence et culpabilité… Devant mon désespoir et l’incompréhension générale, elle a aussi demandé à l’autre pédiatre de venir vérifier sa langue au cas où le frein de langue soit quand même là. Et effectivement, aussi minime soit-il il y en avait un qu’elle a décidé de couper pour « se donner une chance ». J’ai commencé à reprendre espoir mais à la première, puis deuxième et troisième tentative, une nouvelle désillusion est arrivée, ça ne changeait rien!

Dans la nuit qui a précédé notre retour à la maison, j’ai fouiné, écumé les sites internet à la recherche de bouts de sein en une autre matière que du silicone et j’en ai trouvé en caoutchouc. Ni une ni deux, j’ai passé ma commande peu après minuit, me donnant le dernier espoir pour mon allaitement rêvé!

J’ai donc passé le week-end à tirer mon lait et lui donner à la seringue, parfois au biberon la nuit quand je n’avais pas l’énergie. D’autant qu’à la seringue, elle en perdait beaucoup en ne tétant mon petit doigt qu’une fois sur deux. Finalement, le tire-lait m’a pas mal aidé mais la montée de lait s’est faite désirée, n’apparaissant que l’après-midi de mon retour à la maison! Je misais aussi beaucoup sur elle, me disant que le lait coulant tout seul, Babychat pourrait prendre plus facilement le sein, « appâtée » par la bouffe, mais non!

A midi, j’ai appelé ma pharmacie pour louer un tire-lait, de la marque que je souhaitais mais il fallait le commander et l’attendre pour le lendemain matin. Pas grave, j’en ai un manuel à la maison, je vais pouvoir gérer en attendant. Ah! Oui mais non! La téterelle est en silicone et hop, récidive de l’allergie qui s’était apaisée en à peine quelques heures, moins de 24h!

Le lendemain, j’ai récupéré mon Medela et ma sage-femme est venue à la maison constatant l’étendue des dégâts. Elle m’a donc dit de ne même pas essayer la mise au sein et attendre que je guérisse pour réessayer. Ma puce avait re perdu un peu de poids par rapport à la veille. A la maison, épuisée par ces « tétées » au petit doigt, où la majorité du lait finissait sur le lange plutôt que dans le ventre de ma Babychat, je suis passée au biberon (pas n’importe lequel, j’en parlerai dans un autre article), avec mon lait. Et j’ai envoyé ma mère m’acheter une boîte de lait en poudre et un pack d’eau « au cas ou ». J’ai regardé la boîte sur la table, longuement, culpabilisant, angoissant de devoir l’ouvrir. Deux nuits de suite, je lui ai tout de même donné un petit biberon que j’avais ramené de la maternité, ensuite j’ai réussi à tirer assez de lait pour lui donner et même en congeler.

Finalement, c’est 14 jours plus tard que j’ai reçu « mes précieux » me donnant à nouveau espoir. Mais entre l’espoir et l’angoisse, je crois que c’est la deuxième qui a été plus présente! Après avoir lavé et stérilisé mes bouts de sein en caoutchouc, j’ai attendu que Ptitchat soit à la sieste, Mr Papa à la tonte de la pelouse dans le jardin (sa nouvelle passion…) et je me suis installée sur le canapé avec ma poupée et on a tenté. Je devais être à 15 de tension tellement je jouais ma dernière carte! Elle s’est énervée parce que ça ne venait pas assez vite, qu’il fallait téter fort mais heureusement dès que je la posais contre moi, j’avais une montée de lait donc ça lui facilitait les choses.

Processed with Rookie Cam

Et finalement, elle a tété sans s’arrêter, goulument, avec une bonne position de la bouche, puis s’est endormie tout contre moi en me recrachant la moitié de ses 3 dernières gorgées. Cette nouvelle « première fois » a été un pur bonheur pour moi. J’avais envie de me lever du canapé et de danser avec Rabbi Jacob au milieu du salon mais ma puce végétait trop bien contre moi…

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ça fait à peine quelques jours, et je dois encore tirer mon lait car sinon je m’étouffe sous mes nichons trop pleins mais je commence enfin à souffler et à envisager un allaitement « normal », à pouvoir sortir de la maison sans paniquer en me disant « est-ce que j’ai pris un biberon de mon lait, est-ce qu’il va rester assez frais jusqu’à ce qu’elle le boive, est-ce qu’elle va pas en réclamer un autre juste après, est-ce que je peux me permettre d’aller chez ma mère / faire une course sans emmener le tire-lait? » et tout un tas d’autres questions.

A ce jour, la boîte de lait en poudre est toujours intacte, sur la table de la cuisine « au cas ou » mais je crois qu’on est bien parti pour s’en passer aussi longtemps que possible et je profite de ma Babychat et sa goutte de lait au coin de la bouche à chaque tétée, bien plus sereinement…

Processed with Rookie Cam

C’est un billet très personnel et intime mais il me permet d’extérioriser, de positiver, d’évacuer alors que je vivais très très mal de ne pouvoir allaiter directement ma puce, je culpabilisais, j’avais honte, je n’en ai parlé qu’à peu de personnes, celles en qui j’avais confiance et qui étaient capables de me comprendre, de comprendre mon mal-être (enfin, je crois!). Alors, comme souvent, écrire me permet d’évacuer et d’avancer sous les meilleurs hospices et j’espère bien mettre ces 15 jours difficiles au placard pour ne vivre que des beaux moments d’allaitement avec ma poupée d’amour.
Et quoiqu’il en soit, tant qu’il nous reste une carte à jouer, il faut garder espoir, mon histoire en est la preuve…