Nous revoilà pour une nouvelle interview, et pas n’importe laquelle! Aujourd’hui, je vous parle d’une personne qui m’est très chère, si ce n’est la plus chère depuis ma tendre enfance, il s’agit simplement de ma mère.
Ma mère est la présidente et fondatrice d’un refuge pour chats abandonnés, maltraités, etc. C’est un peu l’ase du miron, ils sont recueillis, ils vivent heureux en attendant de trouver une famille prête à les accueillir. Forcément, je ne connais personne mieux que celle qui va se confier à vous, il m’a donc été difficile d’orienter les questions au « grand public » mais j’ai essayé de faire au mieux pour vous parler des Félins Citoyens.
> Peux-tu te présenter en quelques mots s’il te plait ?
> Je m’appelle Fany, j’ai 62 ans. Je suis maman de 2 enfants de 41 et 35 ans et mémé de 4 petits-enfants.
> Quelles sont tes passions ?
> Je suis une femme de passion : les chats, la danse, la lecture, l’histoire et le médical (et ses petits-enfants NDLR XD)
> Parles-nous de ton parcours ?
> Le projet de créer l’association est une évolution suite à mon engagement avec une grande association française. J’ai suivi le programme de « mère nourricière » qui consistait à capturer et faire stériliser des chats errants afin de limiter la prolifération anarchique et d’exercer un suivi sur les sites de capture en les nourrissant et en installant des abris avec une surveillance sanitaire. Au fil des années, je me suis rendu compte que de nombreux chats étaient sociables et cherchaient un foyer et une présence humaine. C’est une démarche refusée par cette association qui avait pour principe « trouvé dehors, vit dehors, meurt dehors ». Cet aspect m’est devenu insupportable et c’est à cette époque que l’idée et la nécessité d’aborder la protection animale sous un autre angle me sont apparues comme des évidences.
> Comment est venu ton association ? Depuis quand existe-t-elle ?
J’ai donc pris la décision de créer mon association. Après avoir pris de nombreux renseignements et conseils, j’ai préparé mes statuts et déposé mon dossier en sous-préfecture, qui a été enregistré en loi 1901 en mars 2010. Elle s’appelle Félins Citoyens car à partir du moment où l’on a une identité officielle, une identification pour les chats donc, on devient citoyen. J’ai trouvé qu’il en était de même pour les chats. Ils ne sont pas de simples meubles et font partie de l’univers des français quand on sait qu’en 2018, on comptait 13,5 millions de chats dans les foyers français.
> Comment cela a-t-il été mis en place ?
Dans ce laps de temps, j’ai passé le CETAC (Certificat d’études techniques aux animaux de compagnie). Cela m’a permis d’avoir un agrément et une conformité pour le statut de refuge agréé. 5 ans plus tard, le statut d’intérêt général m’a été accordé et a permis aux donateurs de déduire à hauteur de 66% de leur don aux impôts.
> Quelles ont été les difficultés rencontrées ?
> Les plus grosses difficultés rencontrées ont été la place pour installer des espaces de quarantaine, de soins et d’adaptation. J’ai eu de la chance avec la clinique vétérinaire ou je faisais suivre mes chats depuis 1996. Les praticiens ont mis un programme de tests Fiv, FelV (test du sida du chat), de vaccination, d’identification, et surtout de stérilisation et castration précoce. A 3 mois, tous les chatons étaient proposés à l’adoption avec des critères de sélection rigoureux.
Mais l’une des plus grosse difficulté est l’aspect financier. L’association ne dispose d’aucune aide ou subvention. Elle ne fonctionne que grâce aux dons et aux adoptions.
> Comment l’association vit-elle financièrement ?
> Lorsqu’un chat est adopté, je demande une participation financière à hauteur de 180€, ce qui couvre tout juste les frais vétérinaires de stérilisation, identification, vaccination. Les frais de litière, de nourriture et tout autre imprévu vétérinaire sont couverts en partie par les dons, les collectes alimentaires dans les animaleries qui veulent bien nous accueillir, les ventes de calendriers que nous réalisons chaque année à partir de photos des chats du refuge ou encore par les vide-greniers ainsi que les longues sessions d’emballage de cadeaux devant les boutiques à la période de Noël, St Valentin, Fête des mères etc etc. Je suis évidemment bénévole ainsi que ceux qui m’accompagnent et ne perçois pas le moindre centime de tout ça, c’est ma passion, j’y mets mon coeur et mes tripes et souvent mon argent personnel. Et même mes membres, j’ai été amputée d’un doigt à la suite d’une morsure de chat en 2012 et ai subi 6 opérations pour ce type de blessures.
> Parles nous des chats que tu accueilles actuellement ? Qui sont ils ? Comment se passe le quotidien ?
> Il y a plus ou moins 100 chats selon les saisons ,au refuge, qui est la partie mitoyenne de mon logement. Je suis donc toujours sur place pour m’en occuper. ça prend d’ailleurs une grande partie de mes journée, parfois de mes nuits quand il y a des chatons orphelins à biberonner, c’est un travail quotidien. Une équipe de personnes bénévoles se relaient pour m’aider au nettoyage des litières, au nourrissage des chats, aux caresses etc. Lorsqu’un chat est adopté, je pleure des litres de larmes à son départ, à la fois de peine de le voir partir, de bonheur de savoir qu’il a enfin trouvé une famille et parfois juste d’émotion quand je sais par quoi il est passé et le mal que j’ai eu à le sauver.
> Ces années t’ont-elles pris de voir une évolution de la condition des chats errants ?
> J’aimerai réellement que chacun ouvre les yeux sur la gravité du changement climatique. Il suffit d’observer les animaux pour voir le danger qui menace la génération actuelle, des chattes de 6 mois qui font 4 portées par an, ce n’est pas normal. Nous sommes des mammifères et il est plus que temps de nous en souvenir. Et dernière chose essentielle pour notre survie et celle des animaux : cessons de faire de l’anthropomorphisme. L’instinct de reproduction des animaux n’est pas comparable au besoin des humains qui font le choix d’avoir des enfants lorsqu’ils sont en capacité de leur offrir un tout, de la nourriture et un avenir correct.
> Quels sont les projets pour l’avenir ?
> A ce jour, j’ai un vrai projet qui sera le plus difficile à mettre en place. Obtenir une loi pour que la stérilisation et la castration deviennent obligatoire à tout détenteur d’un animal.
> As-tu des regrets ?
> Oui, le seule regret est celui de ne pas être arrivée à ce que j’espérais en créant l’association : une vraie prise de conscience sur ce que nous devons aux animaux. Chaque photo de chaton né ici et là me tord les tripes car je sais d’avance l’avenir qu’aura au moins 1 chaton sur la portée, c’est à dire mort, maltraité, abandonné ou dans un refuge jusqu’à sa mort…
> Et si on veut adopter, comment ça se passe ?
> On m’appelle, on vient voir les chats, on se laisse adopter. Car en réalité c’est vraiment ça. Je ne compte plus le nombre de visites ou les personnes étaient certaines de vouloir tel chat (vu en photo sur la page Facebook de l’association) et ou finalement, le coup de coeur a été pour un autre. Mes chats savent se vendre quand ils ont de la visite. Je les connais aussi sur le bout des doigts, ils ont d’ailleurs un prénom attribué à leur arrivé, aucun chat du refuge ne s’appelle comme un autre. Je suis capable de recommander untel ou untel à une famille en fonction de sa composition (enfants, animaux…), de son emploi du temps etc.
Voilà, vous savez tout ou presque de la passion chats de mère en fille qui sévit chez moi depuis plus de 35 ans! Evidemment, il s’agit là d’un survol de tout ça car elle ne peut pas tout dire, ce serait bien trop long.
Alors, passion chat chez vous aussi ou pas? Ne me dîtes pas que vous êtes allergiques, moi aussi mais je fais avec 😉